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L’Allemagne après le 26 septembre 2021


Après quatre mandats successifs, Angela Merkel a quitté le pouvoir et une nouvelle équipe est constituée à la suite des élections législatives de septembre 2021. Ses quatre mandats auront été marqués, sur le plan politique, par des coalitions différentes, trois entre la CDU/CSU (conservateurs) et le SPD (social-démocrate), une entre la CDU/CSU et le parti libéral (FDP).

Sur le plan économique, les réussites de l’Allemagne sont incontestables : excédent extérieur, déficit public maîtrisé, chômage limité et système stable de relations sociales. Cependant, des difficultés demeurent : décrochage économique et social des Länder de l’Est, démographie déclinante, montée de la pauvreté et de la précarité, infrastructures vieillissantes.

Sur le plan géopolitique, l’Allemagne a réussi sa réunification et a su profiter de l’élargissement de l’UE à l’Est. Elle est devenue la 4e puissance économique mondiale. Sur le plan de la politique internationale, elle s’engage peu et profite, pour sa sécurité, du bouclier américain dans le cadre de l’OTAN.

Les élections de septembre 2021

Le système institutionnel de l’Allemagne est fédéral, composé de 16 Länder. Il repose sur un régime parlementaire. Les élections avaient pour objectif de renouveler l’assemblée parlementaire, le Bundestag et la Chancellerie. Le système électoral est assez complexe. Chaque électeur dispose de deux voix : une voix dans le cadre d’un scrutin uninominal majoritaire à un tour, au niveau de la circonscription, et une voix dans le cadre d’un système proportionnel par liste à l’échelle du Land.

Suite aux élections, la CDU-CSU et le SPD ne détiennent plus ensemble la majorité absolue. La coalition constituée doit donc reposer au moins sur trois partis. Des négociations ont été ouvertes entre le SPD, les Verts et les Libéraux et ont abouties en décembre. Olaf SCHOLTZ, du SPD, parti qui a obtenu le plus grand nombre de voix, est le futur chancelier.

Les enjeux européens de l’Allemagne

Ils portent sur la pérennité du « couple franco-allemand » sacralisé par le Traité de l’Élysée (1963) et celui d’Aix-la-Chapelle (2019). Ce couple, depuis l’élargissement de l’UE, devrait s’étendre à d’autres pays européens.

L’autre point que l’on peut attendre d’un nouveau gouvernement est la remise en cause de la doctrine économique dite de « l’ordo-libéralisme », issue de l’école de Fribourg des années 1930, qui vise à ce que l’État fournisse un cadre normatif permettant une concurrence « libre et non faussée ». Cette approche a fortement imprégné les réglementations européennes sur la concurrence. Elle est aujourd’hui obsolète pour faire face à la mondialisation.

L’Allemagne a accepté, en juillet 2020, que l’UE ait enfin une capacité d’emprunt pour faire face aux conséquences de la crise sanitaire. Sera-t-elle dans les mêmes dispositions lorsqu’il s’agira de revoir les critères de surveillance des déficits publics ?

Les enjeux internationaux de l’Allemagne

La politique extérieure de l’Allemagne est surtout liée à des considérations commerciales nationales, d’où son soutien au projet « Nord Stream 2 », un gazoduc qui va approvisionner l’Allemagne et le reste de l’Europe en gaz russe, en évitant de passer par l’Ukraine.

Concernant la Chine, le fond de la démarche est voisin. Angela Merkel, au cours de ses mandats, se sera rendue 12 fois en Chine. Ce pays est le deuxième partenaire commercial de l’Allemagne après l’Union européenne.

Cette vision des relations internationales fondée sur les intérêts économiques propres de l’Allemagne est-elle vraiment tenable sur le long terme ? Dans le contexte géopolitique actuel, ce pays doit s’impliquer dans les enjeux internationaux et européens d’aujourd’hui et de demain.

Jean-Pierre Moussy

Élections du 26 septembre 2021 Participation : 76,6 %
SPD 25,7 % + 5,2 %
CDU-CSU 24,1 % - 8,9 %
Verts 14,8 % + 5,8 %
FDP (libéraux) 11,5 % =

(Tassement des partis extrêmes : AFD et Die Linke)

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